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Le couvent des Filles-Dieu
19 juillet 2009

L’évêque de Paris, Guillaume III d’Auvergne,

Filles_Dieu

 

L’évêque de Paris, Guillaume III d’Auvergne, fonda en 1226 une maison pour retirer des pécheresses qui, pendant toute leur vie, avaient abusé de leur corps et à la fin étaient en mendicité. Elle était située à l’emplacement du boulevard Bonne-Nouvelle et des rues voisines. Elle prit le nom d’hôpital des nouvelles Converties. Sans que l’on sache pourquoi elles prirent le nom de Filles-Dieu, ce qui a fait dire à Rutebeuf :
                                 Diex a non de fille avoir,
                                 Mès je ne pois onques savoir
                                 Que Diex eust fame en sa vie.
Saint Louis prit sous sa protection les Filles-Dieu. Il fit entrer 200 religieuses et leur donna 400 livres de rente à prendre sur sa cassette. La cherté des vivres fit tomber progressivement le nombre des religieuses, d’abord à 100 puis, vers 1280, à 60. Pour vivre elles furent autorisées, comme d’autres ordres religieux, à quêter en ville. Elle demandait : « Du pain pour Jhesu nostre sire ».

Après la bataille désastreuse de Poitiers, en 1356, où Jean II le Bon est fait prisonnier et devant les ravages des Anglais, Etienne Marcel, prévôt des marchands, décida en 1360 de donner une nouvelle enceinte à Paris. Sa construction continuera sous Charles V pour être terminé en 1383 sous le règne de Charles VI. Le couvent des Filles-Dieu se trouva coupée en deux parties par le fossé et le mur, et les religieuses furent forcées d'abandonner leur maison mais restèrent propriétaire du terrain. On leur céda alors l'hôpital de Sainte-Madeleine, fondé en 1316 par Imbert des Lions, bourgeois de Paris, pour y recevoir les pauvres femmes mendiantes qui passaient par Paris ; elles y couchaient et étaient congédiées le lendemain matin avec un pain et un denier. L'enclos de cet hôpital était très vaste : il occupait l'emplacement actuel du passage du Caire, touchait le mur d'enceinte de Paris et était adossé à la cour des Miracles.

Ce couvent retomba dans le relâchement et cessa peu à peu d'exercer l'hospitalité; en 1495, il fut réformé et compris dans l'ordre de Fontevrault. En 1497 Charles VIII posa la première pierre de l’église qui fut achevée en 1508. Elle était décorée de sculptures de François Anguier. 

gravure de 1844         Robida, Derniere station au couvent des Filles-Dieu des condamnes allant a Montfaucon

Les Filles-Dieu étaient astreintes à une touchante obligation. Au chevet extérieur de leur église se trouvait une croix, devant laquelle s'arrêtait le condamné qu'on menait du Grand-Châtelet au gibet de Montfaucon. Après qu’il eut baisé la croix, les religieuses lui donnaient l’eau bénite, trois morceaux de pain et une coupe de vin avec des paroles de charité.

Sous la Fronde, le 24 mars 1648, il fut envahi pendant la nuit par des gentilshommes masqués, armés, fort libertins et aimant rosser le guet, dont le sieur Charmoy et de Saint-Ange, qui exercèrent des violences sur quelques pensionnaires, particulièrement sur une demoiselle de Sainte-Croix qu’ils tentèrent d’enlever. Elle y avait été placée par ordre du parlement en attendant qu’elle eût fixé son choix entre les deux prétendants qu’elle devait épouser, dont Charmoy. Un jugement très sévère fut rendu par le Parlement contre les délinquants : amende honorable devant la porte du couvent des Filles-Dieu et supplice de la roue devant la fontaine du Ponceau, leur biens confisqués, leur maisons rasées. Quant à Mademoiselle de Sainte-Croix, elle épousa, en 1654, un troisième prétendant, monsieur Montataire.

Le couvent des Filles-Dieu, supprimé en 1790, devint propriété nationale et fut vendu le 14 vendémiaire an VI (octobre 1897). Il fut détruit et on y construisit le passage de la Foire-du-Caire.

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